Sorensen, ce nom venu du Danemark signifie « le fils de Soren ». Lisa incarne la nature, c’est une évidence. Elle me reçoit dans l’herboristerie de l’école d’où se dégage une odeur d’Artémisia qui est en train de sécher. Nous sommes dans son univers, celui des jardins et des plantes. Ce qui l’anime, c’est l’enthousiasme, le sien ou celui des élèves. « Quand ils réalisent des choses. La dernière fois, il y a une élève qui m’a dit : « Mais il y a tout ça de graines dans une courge !! Mais comment ça se
fait que les gens meurent de faim sur terre ? ». Ils prennent conscience de choses  essentielles et ça, ça me donne du boost, de l’appétit d’enseigner ».
Ce qu’elle aime par dessus tout, c’est « semer des graines dans leur petit coeur » mais ne nous y trompons pas, elle a conscience et se ravit quand elle sent le moment où ces derniers n’ont plus besoin d’elle, qu’ils sont autonomes et qu’ils ont acquis les codes, les règles de sécurité, les outils et
la confiance en eux. Elle vise l’autogestion. « Ma première leçon lorsque j’ai passé mon diplôme d’animatrice d’éducation populaire était la suivante : un animateur est quelqu’un dont on n’a plus
besoin ».
Lisa fait un petit retour en arrière pour expliquer ce qui l’a conduit jusqu’à la pédagogie Steiner. « Ma gamine était en train de s’éteindre au collège où elle étudiait… Et j’avais déjà tellement entendu parler de cette pédagogie par ma famille dont je n’étais pas forcément proche. Lorsque ma fille est née, on m’a offert un livre et là j’ai réalisé le très beau lien avec la nature ! Le fait d’encourager l’enfant à être qui il est, de voir que ma fille allait faire de l’art, du bois, des voyages alors que moi je m’étais beaucoup ennuyé à l’école quand j’étais enfant, ça m’a vraiment décidée. »
Tout cela contient l’essentiel pour Lisa car les adultes de demain doivent intégrer une dimension spirituelle à leur mode de vie, pour qu’ils gardent confiance, qu’ils parviennent à vivre sans écran ou le moins possible, qu’ils sachent s’exprimer et exprimer leurs idées, développer leurs antennes c’est-à-dire leur intuition tout en apprenant à reconnaître ce qui est bon pour eux, à se connaître et vivre
dans une certaine harmonie. Elle a de ces futurs adultes, ces élèves qu’elle côtoie au quotidien, l’image d’un bouquet coloré pour l’avenir qui peut tout à fait s’intégrer au reste du monde. Pour illustrer ses pensées, elle partage un proverbe, le premier qui lui vient, là, dans l’instant : « Soyez le changement que vous voulez voir dans le monde » de Ghandi.
Pour Lisa, Enseigner rime avec : Créer, enthousiasmer, apprendre, s’élever, découvrir, se questionner, se « curioriser » (Lisa adore inventer des mots et moi j’adore les personnes qui osent
inventer des mots) et enfin, se lier. Et quand on la questionne sur ce que représente l’enfance pour elle, les mots s’envolent comme des petites bulles : l’innocence, la réalisation, grandir, se transformer, être entier, pur et frais, c’est la candeur et l’espièglerie.
Pour la petite confidence sur ce que l’on ne sait pas d’elle, ou pas forcément, Lisa est en 3ème année d’Ecole de Yoga. Le Raja Yoga. C’est une formation qui se déroule sur 4 années et de ces enseignements, un élan du cœur : « Je me régale ! ».
Et si un détour vous fait vous promener près des rivières lozériennes, vous risquez bien de l’y croiser car elle s’y ressource régulièrement. Elle en apprécie la pluralité et la diversité. « Je suis une
naïade » dit-elle en riant, et on veut bien la croire !
Au fait, Lisa est professeure de jardinage de la 6ème à la 8ème classe, avec pour projet d’enseigner comment ça se passe « de la graine à l’assiette ». Elle occupe également le poste de tutrice de la 9ème classe pour le stage agricole et le stage forestier. « Je les accompagne, je les prépare »
 
															