Dorothéa est professeure d’histoire-géo et d’histoire de l’art, en charge également d’une partie de l’enseignement des sciences et vie de la Terre (SVT). Sans compter sa casquette de coordinatrice des grandes classes qui consiste à apporter ses compétences pour l’organisation des projets et de gestion du quotidien de d’équipe pédagogique (les emplois du temps,…). Ce qui anime cette jeune maman de deux enfants scolarisés à l’école, ce sont les enfants justement, la famille et la vie ! « Je ne connais pas me lever le matin en me disant : j’ai pas envie ». Cela en dit déjà beaucoup sur cette professeure qui s’inquiète depuis le début de notre rencontre de savoir qui va prendre en charge une classe dont l’enseignante est en retard, et ne retrouvera sa sérénité qu’une fois le problème réglé. Elle aime le beau temps, le jardinage et assure qu’elle a toujours quelque chose à faire. « Je suis matinale et j’ai toujours une activité dans ma tête, pour le travail, pour la maison ou pour le plaisir et ça ne me demande aucun effort ».
Cette vivacité se retrouve dans sa manière d’enseigner qu’elle qualifierait ainsi : « Enseigner c’est transmettre, accompagner et enthousiasmer ». Pour Dorothéa cela relève davantage d’une passion que de la simple transmission de contenu. Ayant baigné dans la pédagogie Steiner puisqu’en Allemagne elle y a suivi toute sa scolarité, elle a commencé à économiser dès l’âge de 25 ans avec pour projet de pouvoir payer l’école Steiner à ses futurs enfants. Une détermination absolue même si elle n’envisageait pas forcément pour elle-même d’y enseigner un jour. Cette manière de transmettre, elle la porte en elle depuis longtemps et, agrémentée de son aisance à mettre en place des projets et de ses capacités de gestion, elle a un jour passé le cap en devenant professeure. Pour elle les points essentiels de cette pédagogie sont de toute évidence l’adaptation à l’âge de l’enfant. « On fait les choses au bon moment. On part de l’observation de l’enfant, de ce qui est déjà là, tout en prenant en considération tout ce qui touche à autre chose que la tête/le mental, toutes ces compétences qui ne sont pas développées ailleurs, comme prendre la parole dès la première classe. La pédagogie Steiner c’est apprendre dans un grand geste d’ouverture que de ce panel des possibles on va piocher ce qui nous convient. A la fac, que retient-on vraiment du contenu appris ? Peut-être 5 à 10%, les 90% restant c’est autre chose et c’est ce « autre chose » qui est mis en avant dans la pédagogie Steiner. J’ai rencontré des anciens élèves Warldorf, et il n’y a pas de doute, on se reconnaît dans cette ouverture à essayer autre chose que l’on n’a jamais fait, à oser entreprendre et expérimenter et surtout ne pas avoir peur. » Soutenu par son proverbe « Chacun fait au mieux qu’il peut », le regard de Dorothéa sur ces êtres que sont les enfants et les adolescents demeure confiant et empathique. Ce qui rejoint les valeurs qui lui sont chères : la confiance en soi, se dire « quand je fais quelque chose, je suis capable de réussir », la confiance dans le monde et en l’autre. « Si on a peur, on risque d’échouer ! »
L’enfance pour elle doit être heureuse et insouciante. Il relève de notre devoir, nous les adultes de faire en sorte que tout soit beau autour de l’enfant, de leur donner des la nourriture dans la beauté et la curiosité et qu’ils n’aient pas de problèmes à régler. Pour cela, il est nécessaire de les entourer, mais surtout les accompagner plutôt que les éduquer. Dorothéa y perçoit une grande différence. Accompagner, c’est être là, prendre ce qui est déjà là chez l’enfant et surtout ne pas le formater, être conscient que tout se faire naturellement chez l’enfant, par imitation. « ça se fait tout seul si l’on vit une vie adaptée à l’enfant. » Bien sûr, aujourd’hui, dans notre société actuelle inadaptée au rythme de l’enfant, il est nécessaire aussi d’éduquer car tout va bien trop vite. Viser une sorte d’autonomie quand même.
« Ce que l’on ne sait pas forcément de moi ? Peut-être que j’ai participé au championnat universitaire de badminton, ici en France, en étant allemande. Il fut un temps où j’étais bien sportive. Je devais avoir 25/26 ans. J’ai aussi beaucoup voyagé, beaucoup travaillé à l’étranger parce qu’à la base j’ai une formation d’agent de voyage et j’ai occupé le poste de responsable de tours operators à l’étranger. Je peux dire aussi que je possède un Master en médiation culturelle de l’art et un diplôme de guide conférencière. »
Et cette personne aux multiples compétences qu’est Dorothéa prend quand même le temps de se ressourcer dans sa petite maison à Eoures, dans les montagnes à 1000 mètres d’altitude…