La fraicheur d’Amélie est perceptible au premier coup d’œil. Il n’est guère étonnant d’apprendre que ce qui la met en joie le matin lorsqu’elle se réveille, c’est de se lever dans le froid automnal, et de se réchauffer sous une douche chaude, boire un bon petit café chaud, sortir au moment où le soleil se lève, tout en portant son regard matinal sur les vignes alentours au pied du Ventoux, les oreilles bercées par la musique dans la voiture. La bonne humeur d’une journée part de là.
Amélie est professeure de mathématiques dans les grandes classes et, à la question de savoir comment elle définirait son métier, sa réponse est nourrissante : « Mais je n’ai pas qu’un métier ! ».
« Ici, à l’école Steiner, je suis professeure de mathématiques et de chimie. Dans les grandes classes, pour moi enseigner c’est surtout accompagner les élèves à avoir un esprit d’analyse, une méthodologie de résolution de problèmes mais pas qu’en maths, c’est aussi pour toutes les sciences,
la biologie et la chimie mais aussi dans la vie de tous les jours. C’est le comment je m’organise pour régler ce problème à partir de l’hypothèse des outils dont je dispose.
En maths les outils c’est les théorèmes, les propriétés que je vais pouvoir utiliser pour parvenir à la solution que je cherche. C’est ce que j’essaie de leur transmettre. C’est un apprentissage de tous les jours, surtout avec la préparation du brevet des collèges mais plus globalement, c’est aussi se connaître soi-même. Les points faibles, les points forts, savoir aussi qu’un point fort ça peut aussi être la résilience : à chaque fois que je fais une erreur, j’apprends de cette erreur, je ne me décourage pas et je me questionne sur ce que j’ai appris et je réessaye. On travaille beaucoup sur les erreurs. Davantage que les maths, c’est vraiment cet état d’esprit que j’essaie de transmettre aux élèves. Ça peut être dur souvent mais ça constitue un joli challenge.
Et, je suis aussi maroquinière à côté. Ce que j’aime c’est que dans ce métier manuel, j’applique le même état d’esprit que celui que je tente d’enseigner en sciences et en mathématiques, avoir ce même esprit d’observation et d’analyse pour parvenir à trouver une solution et apprendre de ses erreurs. Ce n’est pas parce qu’on a raté une couture que le sac va être complètement raté. Je propose également des ateliers créatifs pour fabriquer de beaux objets utiles à partir du cuir, des sacs, des ceintures, de belles choses qui durent toute une vie dans cette société de consommation, et qui portent à consommer local et éthique. Leur donner le goût de ces choses un peu authentiques, de travailler le cuir, de la réparation. »
Amélie, passionnée par l’acte d’apprendre, propose aussi, à Mazan, du soutien scolaire sur
« l’apprendre à apprendre ».
Pour elle, il est essentiel de se connaître, de savoir comment ça se passe pour nous quand on apprend, savoir comment on apprend le mieux, afin de redonner confiance en ses capacités, trouver sa propre méthodes pour travailler ses cours et essayer de les comprendre. Et la pédagogie Steiner, elle la cherchait justement. Avant d’arriver jusqu’à cette école, elle était en quête d’une manière d’enseigner qui mettrait en valeur l’importance de passer par le concret, par l’expérience de la notion à enseigner avant que de l’expliquer. « J’avais trouvé cela dans la pédagogie Montessori mais pour les petits seulement. Je n’avais rien pour les plus grands.
Une amie m’a mise sur le chemin de la pédagogie Steiner où j’ai retrouvé exactement ce qui constituait pour moi « l’art d’enseigner ».
Et justement, pour Amélie, enseigner rime avec créer une relation avec les élèves sur la base de la confiance, c’est la transmission des savoirs comme une base de réflexion pour d’autres domaines de
la vie, c’est aider les enfants à grandir, à devenir autonomes à se connaître et surtout se faire
confiance, leur apprendre qu’ils sont capables de tout faire. Pour elle, ce qui est valorisant, c’est d’observer le cheminement des élèves, leur évolution et tout ce qu’ils ont été capables de parcourir
tout seuls.
S’il y a un proverbe qui là, dans l’instant, illustre sa pensée sur l’éducation, le voici : « Il faut tout un village pour élever un enfant. »
Car l’enfance pour elle, c’est la base de la confiance en soi, là où l’on puise sa force pour plus tard, vers l’épanouissement d’une vie d’adulte. L’enfance, c’est les souvenirs doux, les rires, mais Amélie sait pertinemment que ce n’est pas ce qui est offert à tous les enfants. Et pourtant ça devrait être ça l’enfance, dit-elle, les rires, la douceur. Et  l’important pour elle aujourd’hui, c’est de s’ancrer dans quelque chose, dans une dynamique de vie qui a du sens, et « accompagner les enfants, ça fait sens ! »
S’il y a une personne qui inspire Amélie, c’est son conjoint qui travaille dans l’humanitaire et fait de
nombreuses missions dans les zones en guerre, comme Gaza. Des zones très à risque.
Impressionnée par son état d’esprit positif et combattif et par la manière dont il revient de ces missions quand même bouleversantes. Il est sans doute affecté mais il parvient à faire la part des choses. Il porte un regard sur toutes les petites choses que nous pouvons, que nous avons la chance de vivre, et ça lui « remet souvent les pieds sur Terre ». Être à son contact lui permet de relativiser beaucoup de choses. C’est inspirant.
Et ce qui la ressource : son cheval dont elle s’occupe régulièrement et aller marcher en montagne.
Cela peut aussi être se poser dans son chez elle, confortablement, avec un livre.
Quand au nom de famille d’Amélie, il est d’origine polonaise. De ses grands-parents. Quelle richesse dans une seule et même personne !
 
															